Elaborer un enseignement dynamique mis au service des hommes et de la recherche

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  • Le 23 janvier 2015
Nom: Pascale Quester
Fonction actuelle: Deputy Vice-Chancellor & Vice-President, University of Adelaide
Diplôme Audencia: GE 85
Nationalité: Française
Résidence : Australie 

Enchaîner les adjectifs, additionner les postes, compter les kilomètres, lister les faits d’armes ? Un exercice vain. D’abord, parce que, malgré nos efforts, cela ne permettrait pas de rendre compte, exhaustivement, de la richesse et de la densité d’une trajectoire hors du commun. Ensuite, parce ce que nous passerions quand même à côté de l’essentiel : la volonté de Pascale Quester de participer à l’élaboration d’un enseignement dynamique mis au service des hommes et de la recherche.
J’ai financé mes études en travaillant toutes les nuits dans un foyer, ce qui a pu créer, parfois, un léger décalage avec ce que vivaient mes camarades de promo.” Après avoir tenté – mineure – d’aller étudier la physique et les mathématiques dans une école londonienne – refusé : “vous n’avez pas 18 ans” –, Pascale Quester met le cap sur la faculté des sciences de Nantes où le manque de passerelles entre les disciplines l’oriente vers Audencia Nantes. “J’ai fait une prépa avec l’ambition d’entrer à Audencia et de décrocher dans la foulée un ticket pour Columbus.” Nantes pour la pluridisciplinarité. L’université de l’Ohio pour le marketing comportemental. La discipline qui puise autant aux mathématiques qu’à la psychologie l’intéresse au plus haut point. Elle y entre. Refuse de faire un MBA au profit d’un master en marketing, se voit proposer, après Audencia, une bourse pour suivre un doctorat à Columbus. Nouveau refus. Motivé cette fois par... des conditions climatiques. “La vie est trop courte pour faire trois hivers supplémentaires ici.”

Pas rancunier, Peter Dixon, l’un de ses superviseurs de master, lui décroche un contrat de professeur en... Nouvelle-Zélande. Problème, les services secrets français viennent de faire sauter le Rainbow Warrior dans le port d’Auckland ; autant dire que les autorités locales ne se pressent pas pour lui délivrer son titre de séjour. Pendant cinq mois, elle tanne le consulat jusqu’à obtenir, finalement, un visa temporaire de six mois. Ses vols sont réservés : un aller-retour Nantes/Londres – question de coût, l’aller-retour était moins cher ! – et un aller simple Londres/Auckland. Pascale Quester embarque. Pour la plus longue journée de son existence. “J’étais à Londres. J’ai attendu mon vol pour la Nouvelle-Zélande toute la journée avec, dans la poche, mon retour pour Nantes. D’un côté, le monde connu, ma famille. De l’autre, l’inconnu, l’aventure. Ça a été très dur et ça restera sans doute l’une des expériences les plus marquantes de ma vie.” Le remboursement du vol retour servira finalement à acheter une voiture... en arrivant à Palmerston North, Nouvelle-Zélande.

Pascale Quester est professeur de marketing en MBA à l’université de Massey, travaille à mi-temps comme chef de produit, et obtient un poste de professeur en MBA Executive à l’université de Wellington. Après tout, les semaines font sept jours, non ? Elle se lance dans une expérimentation sur le couponing. “J’ai eu l’opportunité de recruter deux compagnies – Kraft et Unilever – pour conduire ce programme et de pouvoir mobiliser un magazine. L’idée était de comprendre si le fait de distribuer des coupons de différentes valeurs avait un impact sur les ventes. Les distributeurs penchaient pour le ‘oui’, les fabricants pour le ‘non’.” Lancée à l’échelle du pays tout entier, l’expérimentation clôt la querelle au profit des fabricants. Et offre à Pascale Quester une célébrité planétaire. Les résultats préliminaires sont exposés lors d’une conférence en Tasmanie. Des représentants de l’université d’Adélaïde sont dans la salle. Ils lui proposent un job. Elle n’a pas fini sa thèse. “Qu’à cela ne tienne, vous viendrez après.” Elle accepte.

Elle débarque en Australie par 40° le 10 janvier 1991. Elle a trente ans. Trouve qu’il fait chaud. Prend une maison sur la plage et un poste de maître de conférences. Une manière de concevoir l’enseignement totalement innovante et une curiosité intacte donnent à Pascale Quester l’élan pour franchir toutes les étapes académiques en dix ans – il en faut normalement trente –, créer des enseignements et se positionner pour entrer dans le Saint des Saints. Elle lance un programme de transformation de l’université, casse les codes de coopération entre l’université et les syndicats étudiants et accède à la viceprésidence de l’université d’Adélaïde en juin 2011. Pascale Quester vit toujours dans sa maison sur la plage. Et reste animée par cette volonté farouche de faire bouger les lignes. Les siennes, comme celles de ses contemporains.
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