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  • Le 1 janvier 2012
Nom: Alain Mitaux
Fonction actuelle: Fondateur d’Alinéa
Diplôme Audencia: GE 69 
Nationalité: Française
Résidence: 
 
Vauvenargues, le moraliste, avait pour chaque état une citation et pour toute situation un bon mot. Ce qui est étrange, c’est que la plupart d’entre eux s’appliquent à merveille au parcours d’Alain Mitaux. “Un homme sans passion est un roi sans sujet” ? L’essence même de la trajectoire du créateur d’Alinéa. “Il est bon d’être ferme par tempérament, et flexible par réflexion” ? Sa définition même du manager ! Furieuse coïncidence !


Voilà un homme à qui l’on ne fera pas dire que la grande distribution est un monde sans âme et que rien de ce qui s’y fait n’est intéressant.

Il a pour ces métiers une passion intacte et tout son parcours, depuis son entrée chez Auchan en 1975, porte la marque d’un intérêt qui ne s’est jamais démenti : “Je dirais que la grande distribution est extrêmement simple dans son principe, mais extrêmement compliquée dans sa réalisation. C’est un monde passionnant, plein d’opportunités, de technicité, qui proposede très nombreuses passerelles entre les fonctions, entre les enseignes, et entre la France et l’international.“ Alain Mitaux sait de quoi il parle, pour avoir éprouvé, vite et sans heurt, la plupart des fonctions opérationnelles d’un grand magasin. “Je suis entré chez Auchan pour quitter l’industrie, qui ne me correspondait pas et parce que la situation géographique du poste que l’on me proposait m’intéressait.

J’ai débuté comme responsable de rayon.“ Un poste qu’il quittera vite au profit de celui de responsable de département, puis de directeur adjoint.

Six ans après son arrivée, Alain Mitaux est directeur de l’hypermarché d’Aubagne, 10 000 m2 et 600 personnes, mais une idée, désormais, le taraude : la création d’entreprise. “J’avais antérieurement créé un magasin de brocante avec mon épouse. Après mon divorce, j’ai eu l’envie de créer à nouveau. Je ne souhaitais pas aller vers les services centraux ; j’aime trop le terrain.“ Comme souvent – toujours ? – dans les grandes histoires, la collision entre plusieurs facteurs détermine la suite des événements, leur imprimant vitesse et mouvement.

Alain Mitaux se met au travail et planche sur un projet de création d’un magasin de centre-ville consacré à la décoration et aux meubles anciens. Au même moment, une initiative vient percuter sa réflexion : “Gérard Mulliez, patron du groupe Auchan, émet l’idée, lors d’un meeting d’encadrement, d’offrir la possibilité à tous les dirigeants de la société de créer une affaire tout en restant les patrons de leur propre unité. En cas de succès du projet, on y mettrait des gens et des ressources pour le faire avancer et, éventuellement, le jour où tout cela prendrait corps, nous y serions associés.“ Une telle aubaine, à ce moment-là, ne se refuse pas. Alain Mitaux se précipite. L’idée de Gérard Mulliez pour diversifier son groupe est brillante. Mais trop en avance, sans doute, pour l’époque ; les managers n’adhèrent pas. Sauf quelques-uns. Dont, bien sûr, Alain Mitaux.

“Ma décision est prise, et j’en fais part à ma hiérarchie. Je propose le développement d’une chaîne de magasins dans le domaine du mobilier et de la décoration – secteur inexistant dans le groupe –, et plus précisément, dans le domaine du jeune habitat. J’en perçois tout le potentiel avec le développement d’enseignes telles que Ikea, Habitat ou Fly. J’aurai à convaincre le groupe – en premier lieu un comité stratégique créé à cette occasion – du bien-fondé de mon projet.

Le processus sera long : il débute en 1985 et j’obtiendrai le feu vert au cours de l’année 1988. Mais je suis déterminé… Lorsque Gérard Mulliez – que je rencontre pour obtenir l’aval définitif – me dit au final que je vais devoir démissionner pour me consacrer pleinement à mon projet (contrairement à l’idée initiale), je décide – et curieusement personne n’y verra rien à redire – de créer un premier magasin de 3 000 m2 au lieu des 1 000 m2 qui avait donné lieu à d’âpres négociations.

“ Après une année d’apprentissage de ce nouveau métier, et la mise au point du concept, le succès est au rendez-vous, et les ouvertures s’enchaînent.

“En 2006, quand j’ai quitté la direction générale, Alinéa s’appuyait sur un réseau de 13 magasins de 3 000 à 10 000 m2, réalisait un chiffre d’affaires de l’ordre de 260 M€, et comptait 1 700 salariés.“ Alain Mitaux reste au conseil d’administration jusqu’en 2009, avant de tourner définitivement la page. “Je laisse un groupe en ordre de marche qui est appelé à créer deux ou trois magasins par an.“

En 2013, l’enseigne compte 23 magasins et poursuit son développement. “La nature a donné aux grands hommes de faire, et aux autres de juger.“ Furieuse coïncidence, décidément.
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