Gaspard Cuillé | L'Equation du Succès : métamorphose du chiffre à la réplique

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  • Le 8 avril 2024
Gaspard Cuillé (P2011), comédien et formateur en prise de parole en public, tisse un lien entre l'enfance et l'exigence, où chaque soir se déploie un univers éphémère. Sa trajectoire atypique passant du marketing au théâtre, révèle une sensibilité, faisant de chaque représentation un acte de création et de transmission. 
 

Peux-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Gaspard Cuillé, j’ai 36 ans et je vis à Paris où je travaille comme comédien et formateur à la prise de parole en public. Je suis aussi l’heureux papa d’une petite fille de 2 ans. 


Quel a été ton parcours au sein d’Audencia ?

Je suis diplômé GE 2011 après avoir suivi un master qui désormais s’appelle « MSc in Business Strategy and Consulting ». En y repensant aujourd’hui, il y a 2 souvenirs qui se détachent : d’abord un semestre d’échange fantastique à la Coppead school of business de Rio de Janeiro, duquel je suis revenu en ayant surtout appris le portugais, le surf et la recette de la caipirinha. Et un prix gagné pour l’analyse d’une stratégie d’entreprise : on avait choisi une PME qui fabriquait de l’andouille de Guéméné, et on avait apporté des échantillons de dégustation à notre jury qui se tenait en début de matinée, ils avaient regardé l’assiette en souriant et s’étaient poliment abstenus.

Avant ça, j’avais fait une prépa lettres et obtenu une licence d’histoire.

Quel a été ton parcours professionnel par la suite ?

J’ai longtemps fait du marketing et de la communication. J’ai successivement travaillé pour 2 grands groupes d’immobilier, puis en agence, en free, en start-up et en conseil. A partir de 2015, j’ai commencé à faire pas mal d’aller-retours entre le travail en entreprise et le théâtre, au gré de mes contraintes financières. Et puis j’ai développé une offre de formation qui valorise mon expérience en entreprise et la technique de comédien. Et j’ai quitté progressivement le salariat pour me consacrer pleinement à mon activité de comédien et de formateur.


Parle-nous de ta passion pour le théâtre.

J’ai suivi un enseignement musical en parallèle de toute ma scolarité. J’ai eu une première expérience du théâtre au lycée, que j’ai adorée, puis j’ai rangé ça dans un coin pour me consacrer à des études généralistes. Et c’est après mes 3 premières années en entreprise que j’ai remis les pieds dans un cours d’art dramatique. J’y ai trouvé un espace où déployer professionnellement une sensibilité que d’autres jobs m’enjoignaient de réprimer. 

Parce qu’il ouvre vers l’imaginaire, c’est un métier qui renvoie beaucoup à l’enfance. Il y a quelque chose de très enfantin dans le jeu. D’ailleurs on dit « jouer » pour des enfants qui s’amusent autant que pour des comédiens qui travaillent. Et la définition est la même : c’est faire quelque chose et en même temps ne pas le faire. On sait bien que l’histoire qu’on raconte n’est pas réelle, qu’on sera redevenu soi-même en sortant de scène. Mais si on n’y croit pas complètement au moment où ça se passe, alors ça ne fonctionne pas et le public ne suit pas. Le théâtre nous donne la chance d’être encore un peu des enfants...
 

"Ici le sensible prend la place de la didactique. Et nous nous mettons au service d’un texte, au service de quelque chose qui nous dépasse."
 

Je considère aussi que c’est un métier de transmission, un peu comme l’enseignement, mais ici le sensible prend la place de la didactique. Et nous nous mettons au service d’un texte, au service de quelque chose qui nous dépasse.

C’est enfin une exigence sans cesse renouvelée qui ne souffre pas l’à-peu-près : chaque jour on remet sa peau en jeu. Peut-être que la représentation d’hier était réussie mais le public d’aujourd’hui ne le sait pas, il nous attend avec un regard neuf et l’on n’a pas le droit de se rater. Il faut donc rester très exigeant avec soi pour faire comme si chaque soir était la première et la dernière représentation. 

La semaine dernière, après après avoir joué au théâtre, j’ai rejoint mes amis de promo d’Audencia pour dîner : ça fait 16 ans qu’on se connaît. Aujourd’hui ils sont soit comme moi à Paris, soit partis s’installer à Lyon, Marseille ou Barcelone. Par amitié, ils sont devenus les administrateurs de ma compagnie de théâtre, je leur en suis infiniment reconnaissant. 

Quels sont tes projets pour demain ?

Je continue à développer Eurydice, une pièce de Jean Anouilh que je produis et dans laquelle je joue depuis un an, pour l’emmener le plus loin et le plus longtemps possible, parce qu'elle me bouleverse et que j'y suis immensément attaché.
En parallèle, je travaille sur la prochaine pièce que je vais produire. A ce stade, nous discutons de la distribution avec mon metteur en scène et des dates d’une programmation à venir avec la direction d’un théâtre parisien ; les répétitions viendront ensuite.
 


Retrouvez Gaspard Cuillé dans le rôle d'Orphée pour la pièce Eurydice de Jean Anouilh. Mise en scène par Emmanuel Gaury
Du 13 mars au 5 mai 2024 au Lucernaire à Paris. Eligible aux Molières 2024


Orphée et Eurydice, deux artistes ambulants, se rencontrent sur un quai de gare : c'est le coup de foudre ! Ensemble, ils fuient l'avenir médiocre qui leur est promis. Mais Eurydice est rattrapée par son destin et meurt tragiquement dans un accident. Alors que tout semble perdu, un étrange Monsieur Henri invite Orphée à rejoindre son amour aux portes de la mort... Avec son habituelle ironie poétique, Anouilh propose une lecture moderne et audacieuse du mythe d'Orphée.

En savoir plus :  
https://www.lucernaire.fr/theatre/eurydice/
 

Portraits © Philippine Chauvin | Eurydice © Studio Vanssay
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