Aller au bout de ce que l'on entreprend et être l'artisan de ses succès et de ses échecs

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  • Le 1 janvier 2012
Nom: Philippe Serzec
Fonction actuelle: Directeur associé du cabinet Deloitte
Diplôme Audencia: GE 92
Nationalité: Française
Résidence: France 
 
Pour comprendre le parcours de Philippe Serzec, il est nécessaire d’intégrer quelques données clés le concernant. D’abord, le refus sans appel d’être en situation, un jour, d’avoir à regretter quoi que ce soit. Ensuite, une tendance franche à s’imposer des challenges pour s’obliger au dépassement. Enfin, la nécessité de changer d’horizon intellectuel tous les deux ans. Un corpus idéologique à vous chahuter une carrière ! La preuve.

Étudiant, Philippe Serzec n’aime ni la comptabilité ni la gestion. Ce qui l’attire, c’est le marketing. Il fera donc... de la finance ! “Je connectais bien avec les questions liées au marketing mais je me suis dit, puisque tu es à l’école, puisque la discipline de l’École est en mesure de te faire acquérir des bases solides dans le domaine de la gestion financière, c’est le moment ou jamais. Je savais qu’une fois sorti d’Audencia, je n’aurais jamais la volonté de me remettre sur ces matières-là. Que l’on fasse du commercial ou du marketing, avoir une compréhension des enjeux financiers me paraît nécessaire.“ Cette analyse résume l’homme – c’est sérieux, c’est astucieux et c’est utile – et le conduit à choisir Contrôle de Gestion - Audit en majeure. Puis à s’inscrire au DECF.

Il entre chez KPMG à Caen, afin de disposer d’une expérience en audit, si d’aventure un poste de directeur financier lui était offert, et se prépare à partir au service militaire. L’inscription au DECF lui permet de faire son service en VSNE au… Mali. “J’ai débarqué à Bamako sans avoir jamais mis les pieds en Afrique. Découvrir des pays où les ressorts culturels, la structure de la société et donc de pensée vous échappent complètement a toujours attisé ma curiosité.“ Il arrive en tant que directeur financier d’une petite structure dépendante d’un groupe familial bordelais, agent Caterpillar pour le Mali. À 23 ans, en charge d’un service de quatre personnes, il vit le 12 janvier 1994 en direct : “La dévaluation du franc CFA a été une expérience intéressante. Du jour au lendemain, tous nos achats en dollars auprès de Caterpillar valaient deux fois plus cher en contre-valeur franc CFA.“ Expérience intéressante ? Sacré baptême du feu, oui !

Il rentre en France, à Caen, et retrouve son poste chez KPMG, des fourmis dans les jambes. “Je suis monté à Paris chez Ernst & Young grâce à un copain de promo. Je ne voulais pas attendre la fin de la saison d’audit pour y aller et je pensais que KPMG m’aurait remis, à Paris, sur des dossiers de grande distribution pour lesquels je n’avais pas une passion débordante.“ Philippe Serzec, en analyste pointu, comprend vite les limites imposées par un modèle. Et détecte tout aussi rapidement les voies alternatives pour les dépasser. Ernst & Young, donc, puis une demande de départ en échange ; toujours cette curiosité et ce même appétit. Après le Mali, ce sera Singapour. Dix-huit mois sur des missions d’audit, pour des clients français et étrangers et les premières expériences d’audit d’acquisition. De nouvelles compétences. Un objectif identique. “Le moteur a été le même que pour le Mali, découvrir une culture que je ne n’appréhendais pas du tout.“ Grandir au contact de l’altérité, en somme.

Il revient en France et rejoint le département Due Diligence. Une ligne de services alors de 25 personnes – qui passera à 120 en moins de trois ans – spécialisée dans l’audit d’acquisition, et Arthur Andersen en ligne de mire. Fusion. “Je voyais cela comme un enrichissement supplémentaire et je me suis exposé, parfois au mauvais moment ou avec les mauvaises personnes...“ La leçon de politique est intégrée et le fait reprogrammer son logiciel de carrière. “J’ai longtemps pensé que le mentoring n’était pas pour moi. Que je devais me faire seul et pouvoir être seul comptable de tous mes actes. C’était une erreur.“

Il quitte Ernst & Young pour rejoindre l’associé, devenu Managing Partner du Département à son arrivée chez Deloitte, qui lui avait fait découvrir le monde des transactions à son retour de Singapour. Ce qui compte avant tout, surtout en conseil, ce sont les hommes et le projet : “Le statut d’associé ne m’a pas attiré parce qu’il pose socialement son homme. Non, ce que je souhaitais, c’était explorer d’autres dimensions.“ Son nouveau statut devrait le combler : désormais en charge de la structuration et du développement du segment small et mid caps – comprendre PME et ETI –, il devra accompagner les fonds de capital-développement et de LBO, les entreprises familiales et patrimoniales, ainsi que les mid caps cotées, en matière de due diligences, autrement dit d’analyses comptables et financières avant cession ou acquisition. Un sacré programme ! De quoi lui permettre, sans doute, de changer d’horizon intellectuel... tous les deux jours ?
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